Artiste transversale, Annie Tremsal produit des œuvres en action qui traversent l’espace et le temps ; autant dire que le mouvement qui anime ses pinceaux, outils de quelque chose en devenir, est celui de la transformation.
Sa pratique est nomade et mobile, elle se construit peu à peu et comme l’indique Pierre Soulages, « à un moment impossible à prévoir, l’inattendu surgit ».
Elle s’enseigne de diverses sources et rencontres (les Touaregs, les nomades du Dolpo en Himalaya, l’art pictural chinois) qui nourrissent un espace pictural ouvert, non clos par des frontières qui viendraient le limiter.
Cet espace, en perpétuel devenir, répond à la mission impartie à l’artiste : rendre présent ce qui est absent ou ce qui ne saurait se voir puisque c’est ainsi qu’il est possible d’avoir accès à ce que les discours ne peuvent dire.

Lectrice attentive de François Jullien, elle fraye un chemin qui n’est pas sans rappeler celui du philosophe pour qui, « passer par des pensées du dehors (celle de la Chine) aide, en désenlisant la raison, à la remettre en chantier ».

Si elle aime partir des  oppositions (ombre et lumière, nuit et jour, blanc et noir), ce n’est pas tant pour creuser des différences que pour dessiner un écart d’où pourra émerger l’existence de quelque chose d’inédit. Aussi ne va-t-elle pas contre ce qui existe mais vers ce qui n’existe pas encore, vers ce qu’elle ne connaît pas. « Si l’on sait qu’on ne sait pas, dit Pierre Soulages, si l’on est attentif à ce qu’on ne connaît pas, si l’on guette ce qui apparaît comme inconnu, c’est alors qu’une découverte est possible »
Annie Tremsal aime dire qu’une œuvre réussie n’est pas bavarde, qu’elle est donc une œuvre silencieuse, sobre, sans affectation, qui se tient hors de ce qui remplit et sature, hors de la satisfaction et du confort de ce qui est programmé.

« Que de merveilles peuvent naître d’une simple touffe de poils de quelques centimètres ! », s’exclame Tung Ch’i, cité par François Cheng.

Jean MIRGUET
Psychanalyste

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Annie Tremsal Garillon

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